Tout le Québec s’est ému dernièrement du décès du comédien Jacques Godin le 26 octobre 2020. Il venait tout juste d’atteindre l’âge de 90 ans. Quelques-unes des biographies parues dans les médias ont relevé qu’il était né à Saint-Henri. Plus précisément sur la rue Thérien, cette toute petite rue située latéralement à l’église Saint-Zotique qui fait face au square Sir-George-Étienne-Cartier.
On a aussi timidement noté qu’il a commencé sa carrière théâtrale dans des salles paroissiales. Sans jamais indiquer nulle part que ce fut sur la scène du Cercle Paroissial Saint-Zotique, là où il prit la piqure de performer devant un public. En fait il n’avait pas très loin à aller : la salle était située juste en face de sa maison.
En fait, cet endroit réunissait l’ensemble de la communauté de Saint-Henri à une époque où la télévision n’existait pas. Le C. P. Saint-Zotique, comme on l’appelait communément, est né en 1911 particulièrement pour y présenter du théâtre. C’est à l’initiative de quelques jeunes hommes que le curé Thérien (celui qui a donné son nom à la rue qui borde l’église Saint-Zotique) leur a trouvé une salle.
Dans nos archives, nous avons la chance de compter sur des programmes de théâtre et des textes qui ont été joués dès 1912. Nous avons aussi la chance de posséder des dizaines de photos des groupes de comédiens amateurs qui ont joué au fil des ans dans la troupe « Les Amis de la Scène ». C’est dans cette troupe que Jacques Godin a été recruté très jeune. Nous avons des photos où on le retrouve dans la troupe dès 1947. Il avait donc 17 ans quand il a commencé.
Son plus grand rôle a été joué en 1948 dans la pièce « La Passion ». Il a joué le rôle principal du Christ, où il était notamment cloué sur une croix. Ce drame pascal a notamment été la production la plus ambitieuse de cette troupe qui a été jouée au C. P, St-Zotique. Les spectateurs étaient notamment impressionnés par effets spéciaux jamais égalés, comme du feu sur la scène. Le décor changeait au rythme des lieux présentés, et surtout plus de 50 figurants sur scène. Tous provenaient du quartier. La succès de cette pièce présentée en 1948 pendant trois jours, a forcé de la présenter une deuxième fois en 1949, tant la demande était forte.
Le metteur en scène de la troupe avait détecté le talent du jeune Jacques Godin, et lui a fait confiance pour démontrer ses possibilités en lui confiant ce premier rôle très ambitieux pour une jeune de cet âge. Il avait prophétisé, dans une confidence qu’il a fait à mon père Georges Giasson, que s’il persévérait, il irait très loin dans la profession. Ses prédictions se sont avérées très justes quand on revoit la brillante carrière qu’il a connue.
Parlant de confidences, ma mère m’a conté aussi qu’il a été le premier garçon qui lui a demandé de la fréquenter. C’est ma grand-mère qui l’a refusé prétextant qu’elle était trop jeune. J’aurais donc pu peut-être devenir le fils de Jacques Godin. Mes parents sont quand même demeurés des amis de Jacques Godin dans le groupe qui fréquentait le Cercle Paroissial. Ma mère se souvient entre autres que mon père et elle ont été invités par Jacques Godin à venir au bal de sa graduation des HEC.
Ce jeune homme issu de Saint-Henri a donc hésité entre faire une carrière commerciale ou jouer au théâtre. Mais il aurait aussi pu embrasser une carrière sportive. En effet, sa carrure athlétique l’a quelquefois mis en valeur dans certains de ses rôles. Il a entre autres compétitionné en natation et en plongeon. Encore une fois c’est sa proximité avec le Cercle Paroissial qui l’a encouragé dans ce domaine. Il a notamment fait partie du Club de Natation du C. P. St-Zotique, dont les membres ont constitué la première équipe de de sauveteurs de la piscine extérieure de l’Île Sainte-Hélène.
Il a joué près de 250 rôles au cinéma, au théâtre et à la télévision. Dès 1953, il commence sa carrière professionnelle dans les radioromans. La jeune télévision lui confie très rapidement plusieurs rôles. Dès 1954 dans « 14 rue des Galais », puis en 1957 dans le rôle de Radisson qui a véritablement lancé sa carrière.
Ses prestations les plus mémorables seront le rôle de Lenny dans « Des souris et des hommes » à Radio-Canada, et Mycroft Mixeudeim dans « La Charge de l’orignal épormyable » de Claude Gauvreau au théâtre Quat’sous. Durant près de 70 ans de carrière, il a reçu de nombreux prix d’interprétation et autant de nominations. On lui a décerné l’Ordre du Québec en 2017 et nommé Compagnon de l’ordre des Arts et Lettres du Québec plus tôt cette année en 2020.
Jacques Godin, un grand personnage que Saint-Henri a légué au Québec.
______________________________________________________________
Texte: Guy Giasson Recherche des photos: Camille Baccanale
Visitez la galerie de photos de Jacques Godin tirées de notre collection.
________________________________________________
Pour en lire plus sur lui, voici quelques liens sur Internet.
_______________________________________________
Liens vers des pages et des articles sur Jacques Godin:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Godin_(acteur)
https://ici.tou.tv/jacques-godin-acteur-de-fond
https://www.lapresse.ca/arts/theatre/2020-10-27/mort-du-comedien-jacques-godin.php
https://www.lapresse.ca/arts/theatre/2020-10-29/radio-canada-rend-hommage-a-jacques-godin.php
https://www.ledevoir.com/culture/cinema/588553/deces-jacques-godin
https://www.envedette.ca/potins-stars-quebec/media/le-comedien-jacques-godin-est-decede-1.13807855